Méditerranée centrale. Le bilan s’alourdit alors que l’UE tourne le dos aux réfugiés et aux migrants

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[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width=”3/4″][vc_column_text]20 juillet 2017

Le terrible bilan en Méditerranée centrale et les violations des droits humains endurées par des milliers de réfugiés et de migrants dans les centres de détention libyens sont clairement liés à la politique défaillante de l’Union européenne (UE), écrit Amnesty International dans un rapport rendu public jeudi 6 juillet 2017.

Ce rapport, intitulé A perfect storm: The failure of European policies in the Central Mediterranean, explique qu’en cédant la majeure partie de la responsabilité des opérations de recherche et de secours à des ONG et en renforçant la coopération avec les garde-côtes libyens, les gouvernements européens ne préviennent pas les noyades et ferment les yeux sur les violations des droits humains, torture et viol notamment.

Les ministres européens qui se réunissent à Talinn ce jeudi 6 juillet s’apprêtent à débattre de propositions qui vont empirer une situation déjà très difficile.
« Au lieu d’agir pour sauver des vies et offrir une protection, les ministres européens qui se réunissent ce jeudi accordent sans aucun état d’âme la priorité aux accords dangereux avec la Lybie, dans une tentative désespérée d’empêcher les réfugiés et les migrants d’atteindre les frontières de l’UE, a déclaré John Dalhuisen, directeur pour l’Europe à Amnesty International.

« Les États européens tournent progressivement le dos à une stratégie de recherche et de secours qui réduisait la mortalité en mer, au profit d’une stratégie qui se solde par des milliers de noyades et ne vient pas en aide aux hommes, aux femmes et aux enfants pris au piège en Libye, en proie à de terribles violences. »
Les mesures mises en œuvre par les dirigeants de l’UE en avril 2015 pour renforcer les capacités de recherche et de secours en Méditerranée centrale avaient fait chuter le nombre de décès en mer. Pourtant, cette priorité, qui avait incité plusieurs pays à déployer des navires de sauvetage plus près des eaux territoriales libyennes, fut de courte durée. Les gouvernements de l’UE préfèrent privilégier le démantèlement des réseaux de passeurs et empêcher les départs de bateaux depuis la Libye : une stratégie vouée à l’échec qui se traduit par des traversées toujours plus périlleuses et par trois fois plus de décès – 0,89 % pour le deuxième semestre 2015, comparé à 2,7% en 2017.

Les passeurs ont changé leurs pratiques et utilisent de plus en plus des bateaux impropres à la navigation, sans aucun équipement de sécurité à bord, rendant la traversée encore plus aléatoire. Pourtant, malgré la nette hausse du nombre de morts – plus de 2 000 depuis janvier – l’UE n’a pas mis sur pied d’opération humanitaire dédiée et dûment financée, près des eaux territoriales libyennes. Au lieu de cela, elle se concentre sur le renforcement des capacités des garde-côtes libyens afin d’empêcher les départs et de procéder à des interceptions.

Or, les interceptions par les garde-côtes libyens mettent bien souvent en péril les réfugiés et les migrants. Leurs techniques d’intervention ne respectent pas les protocoles élémentaires de sécurité et peuvent engendrer des mouvements de panique et des chavirements catastrophiques.

En outre, des allégations sérieuses accusent certains garde-côtes d’être de connivence avec les passeurs et des éléments prouvent qu’ils maltraitent les migrants. Des garde-côtes libyens ont tiré des coups de feu en direction des bateaux et un rapport de l’ONU au mois de juin signalait qu’ils étaient directement impliqués par l’usage d’armes à feu dans le naufrage de bateaux de migrants.

Un Nigérian, entassé pendant neuf heures avec 140 personnes sur une embarcation qui prenait l’eau, a raconté à Amnesty International : « Nous étions tous en train de prier. Lorsque j’ai vu les lumières [du bateau de secours], j’ai pensé : par pitié, faites que ce ne soit pas la police libyenne. »
Un Bangladais a raconté ce qui s’est passé lorsqu’il a été récupéré par les garde-côtes libyens : « Nous étions 170 à bord d’un canot pneumatique. Nous avons été conduits en prison et ils nous ont demandé de l’argent. Ils nous ont dit : ” Si vous payez, personne ne vous stoppera cette fois-ci, parce que les garde-côtes, c’est nous… ” Les prisons libyennes, c’est l’enfer. »

La coopération entre l’UE et les garde-côtes libyens, y compris leur formation, n’englobe pas de mécanisme ni de système adéquat d’obligation de rendre des comptes afin de surveiller leur conduite et leur comportement. Les personnes secourues par les garde-côtes sont renvoyées en Libye, où elles sont régulièrement placées en détention et torturées, et où il n’existe ni droit d’asile ni système d’asile. Les personnes prises au piège en Libye sont exposées à des violations des droits humains – homicide, torture, viol, enlèvement, travail forcé, et détention illimitée et arbitraire dans des conditions cruelles, inhumaines et dégradantes notamment.

Un homme originaire de Gambie a déclaré à Amnesty International : « J’ai passé trois mois en prison… On dort comme des sardines dans la cellule, sur le côté, en raison du manque de place. Ils vous frappent si vous n’êtes pas allongé comme il faut. L’eau pour les toilettes servait aussi d’eau pour boire… J’ai vu trois personnes se faire torturer pendant mon séjour en prison. Un adolescent est mort pendant une séance de torture… Ils frappent les prisonniers à coups de tuyaux. Ils me frappaient la nuit. »
Les accords de coopération visant à renforcer les capacités de recherche et de sauvetage des garde-côtes libyens doivent avoir pour condition l’amélioration rapide de la qualité des interventions et l’obligation de rendre des comptes pour les atteintes aux droits humains dont ils sont déclarés responsables. En outre, il importe que les personnes secourues soient transférées sur des navires qui les conduiront dans des pays où leurs besoins en termes de sécurité et de protection seront garantis.

« Si le deuxième semestre 2017 est à l’image du premier et qu’aucune disposition d’urgence n’est prise, 2017 est en passe de devenir l’année la plus meurtrière pour la route migratoire la plus meurtrière du monde. L’UE doit repenser sa coopération avec les garde-côtes libyens, dont le fonctionnement pose problème, et déployer des navires supplémentaires, là où le besoin est le plus urgent, a déclaré John Dalhuisen.

« Enfin, le seul moyen durable et humain de réduire le nombre de migrants et de réfugiés risquant leur vie dans ces terribles traversées est d’ouvrir des voies sûres et légales pour rejoindre l’Europe. »

Pour appeler les dirigeants européens à agir pour sauver des vies, rejoignez notre campagne[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]