Israël interdit à un représentant d’Amnesty International d’entrer sur son territoire

[vc_row full_width=”stretch_row_content_no_spaces”][vc_column][vc_single_image image=”3624″ img_size=”full” add_caption=”yes” label=””][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_column_text]La décision prise par Israël de refuser l’entrée d’un membre d’Amnesty International États-Unis en Cisjordanie occupée, en représailles, semble-t-il, aux activités de défense des droits humains menées par l’organisation, témoigne d’une progression inquiétante de l’intolérance des autorités israéliennes à l’égard des voix critiques, a déclaré l’organisation.

Raed Jarrar, directeur du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International États-Unis, a été bloqué hier au point de passage Allenby/roi Hussein entre la Jordanie et la Cisjordanie occupée par Israël, alors qu’il effectuait un voyage à titre privé pour rendre visite à sa famille dans les territoires palestiniens occupés (TPO), en raison du décès récent de son père. Des fonctionnaires israéliens l’ont interrogé sur les motifs de son séjour, sa famille dans les TPO, ses activités pour Amnesty International et en particulier le travail mené par l’organisation pour dénoncer les colonies israéliennes en Cisjordanie. Ils lui ont ensuite interdit d’entrer sur le territoire et l’ont renvoyé en Jordanie. Amnesty International va demander des éclaircissements officiels aux autorités israéliennes quant aux motifs pour lesquels il a été interdit d’entrée.

« Le fait que Raed Jarrar ait été interdit d’entrée après avoir été interrogé sur son travail pour Amnesty International semble indiquer que cette décision a été prise en représailles au travail que mène l’organisation sur les violations des droits humains dans les TPO », a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« Il semble qu’il s’agisse d’une nouvelle manifestation inquiétante de la volonté des autorités israéliennes de faire taire les organisations de défense des droits humains et les militants qui critiquent le gouvernement israélien. Cela contredit les affirmations répétées du gouvernement selon lesquelles Israël est un État tolérant, respectueux des droits humains. »

Raed Jarrar voyageait avec Alli McCracken, chargée de campagne sur l’Amérique du Nord à Amnesty International. Elle aussi a été interrogée sur ses précédentes visites en Cisjordanie. Elle ne s’est pas vu refuser l’entrée sur le territoire, mais elle a décidé de ne pas entrer sans Raed Jarrar.

Au cours de son interrogatoire, Raed Jarrar s’est vu demander d’expliquer le travail d’Amnesty International et la nature de son propre rôle dans l’organisation. À un moment, les fonctionnaires lui ont demandé : « Pourquoi Amnesty International a-t-elle un problème (avec) Israël ? » Quand il a répondu qu’à sa connaissance, ce n’était pas le cas, les fonctionnaires ont évoqué le travail de l’organisation sur les « colonies de Cisjordanie », faisant manifestement référence à la récente campagne dans laquelle Amnesty International a demandé aux États d’interdire les importations de produits provenant des colonies israéliennes. Les fonctionnaires ont indiqué par la suite qu’ils avaient lu des informations sur les activités menées par l’organisation sur les colonies sur le site Web d’Amnesty International. Ils ont également demandé à Raed Jarrar de donner les noms des membres du personnel de la section israélienne d’Amnesty International à Tel Aviv et de l’antenne du Secrétariat international à Jérusalem.

Après son interrogatoire, Raed Jarrar a reçu un document confirmant qu’il s’était vu refuser l’entrée sur le territoire au titre de la Loi sur l’entrée en Israël, les motifs invoqués étant des considérations de « sécurité publique » ou d’« ordre public » et la « prévention de l’immigration illégale ». Lorsqu’il a demandé des éclaircissements, on lui a dit que les motifs de sécurité publique et d’ordre public lui étaient applicables, mais les fonctionnaires n’ont pas donné davantage de précisions.

« Refuser l’entrée à un défenseur des droits humains parce qu’il travaille pour une organisation qui a critiqué les violations des droits humains commises par Israël constituerait une attaque flagrante contre la liberté d’expression », a déclaré Philip Luther.

Le mois dernier, des médias israéliens ont indiqué que le ministère israélien des Finances prévoyait de prendre des mesures contre Amnesty International en vertu de la « loi anti-boycott » controversée de 2011, en raison de la campagne sur les colonies lancée en juin 2017 par l’organisation. Amnesty International a demandé des éclaircissements aux autorités israéliennes mais elle n’a reçu aucune réponse officielle à ce jour.

La campagne demande aux États du monde entier d’arrêter de soutenir financièrement la politique de colonisation abusive et illégale menée par Israël, en interdisant l’entrée sur leurs marchés de biens provenant des colonies israéliennes et en empêchant les sociétés domiciliées sur leur territoire de mener des activités dans les colonies. Il existe un consensus international sur le fait que les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés sont illégales et contraires au droit international ; elles entretiennent également les violations massives des droits des Palestiniens. L’appel d’Amnesty International est fondé sur l’obligation qui incombe aux États, en vertu du droit international, de ne pas reconnaître une situation illégale telle que celle créée par les colonies israéliennes, et de ne pas y contribuer.

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