Disparitions forcées en Algérie. “Jusqu’à notre dernier souffle, nous nous battrons pour obtenir la vérité”

« Jusqu’à notre dernier souffle, nous nous battrons pour obtenir la vérité et pour que justice soit faite pour les disparus. Nous continuerons d’avancer même si les autorités algériennes nous ignorent, parce que nous savons que le monde nous voit et nous entend. » a déclaré à Amnesty International, Nassera Dutour, porte-parole de l’association SOS Disparus et dont le fils a disparu en 1997.

Nassera Dutour est une des nombreuses mamans algériennes qui ont perdu un être cher durant les années 1990, et qui ne cessent de demander la vérité et la justice. 

Vingt ans après la création de l’association, nombre de nos membres, des mères de disparus qui vivaient dans l’espoir, sont morts sans savoir.

Nassera Dutour, porte-parole de l’association SOS Disparus

Depuis la création de l’association SOS Disparus en 1998, ses membres  cherchent à obtenir vérité et justice pour les milliers de personnes qui ont disparu pendant le conflit interne qui a ravagé le pays dans les années 1990 et après. Des milliers de disparitions forcées ont eu lieu et aucune enquête efficace n’a été menée.

SOS Disparu recourt à tous les mécanismes à sa connaissance pour faire pression sur les autorités et a fait appel aux mécanismes internationaux disponibles : plus de 4 000 dossiers ont été remis au Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et des dizaines ont été remis au Conseil des droits de l’homme et à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples.

Le groupe a également publié des rapports, des livres et des documentaires. Il continue à demander patiemment que justice soit faite et manifeste pacifiquement dans les rues d’Algérie depuis 20 ans. Les membres du groupe ont tout affronté : les dispersions violentes, les arrestations, le harcèlement des autorités qui, à ce jour, continuent de nier toute responsabilité.

En Algérie, le sombre héritage du conflit interne des années 1990, pèse encore très lourd sur la société.

Une série de décrets d’amnistie promulgués par les autorités a privé les victimes et leur famille de leurs droits à la vérité et à la justice.

L’incapacité persistante des autorités algériennes de s’attaquer à l’impunité dont bénéficient les responsables des violations et atteintes graves aux droits humains commises dans le cadre du conflit interne des années 1990 compromet une véritable réconciliation et une paix durable.